Dr. Thierno Sabitou Bah

Dr. Thierno Sabitou Bah

Naissance: le 29 décembre 1935 à à Boké

1946-1947: Ecole Primaire sœur aînée Maimouna Maréga

1948: Après son CEPE, il fut envoyé par son père à Saint Louis

1953: Il obtient son Bac - Section Mathélem

1953-: Admis au Lycée LACANAL à Sceaux, en France.

1958: Diplôme de Docteur de l'École de vétérinaire de Lyon

1958: Spécialisation en zootechnie à Censier d’Aubenton

Arrêté le 12 avril 1969 – le même jour que Bocar Maréga, son beau-frère

Lieu de Détention::Camp Boiro

Assassinat: Fusillé le 3 Janvier 1971-lieu d'enterrement: inconnu

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Hommage a Dr. Thierno Sabitou Bah

Hommage a Dr. Thierno Sabitou Bah

Ne jamais oublier "l'époque où tout le monde avait peur en Guinée." Sortir des séquelles encore vivaces du règne de terreur de Sékou Touré est la condition sine qua non pour que la Guinée aille de l’avant. Prière de nous contacter si vous voulez contribuer aux buts du mémorial>>.

Temoignage

Ne jamais oublier "l'époque où tout le monde avait peur en Guinée." Sortir des séquelles encore vivaces du règne de terreur de Sékou Touré est la condition sine qua non pour que la Guinée aille de l’avant. Prière de nous contacter si vous voulez contribuer aux buts du mémorial>>.

Temoignage

Resume de la vie de Dr. Thierno Sabitou Bah


Ascendance familiale

Thierno Sabitou Ba est le fils de Ba Madani Sabitou, qui né en 1896, directeur de l’école régionale de Boké pendant 10 ans et de Fatoumata Sy Savané, née en 1910.

Madani Sabitou est descendant de ’Imrana Hèla de Timbi Touni. Sa famille, venue avec El Hadj Oumar Tall, s’est installée dans un premier temps à Héllayabèh, puis à Dinguiraye. >/>

Quant à Fatoumata, elle était l’unique fille de Bocar Hamidou Sy Savané et de Maimouna Ba, une peule du Macina. La mère de Thierno Ba décéda en 1960. Thierno Sabitou Ba était encore à Lyon, en France et n’assistera pas aux obsèques. Ceci explique probablement pourquoi il a voulu rester en Guinée pour s’occuper de son père, qui décédera en 1969.

Frères et sœurs

Thierno Ba avait trois frères et sept sœurs. Par ordre d’aînesse, il y a

  • 1. Hadja Kadé Ba, épouse de feu Bocar Biro Barry (diplomate)
  • 2. Hadja Nima Sow (institutrice, première député de Guinée, et pensionnaire du camp Boiro pendant huit mois pour avoir fait fuir ses enfants de Guinée, épouse de Sow Mamadou, lui-même mort au camp Boiro)
  • 3. Feue Mamadou Ba (chef de l’opposition guinéenne sous Lansana Conté)
  • 4. Hadja Maimouna Ba (pharmacienne) épouse de feu Docteur Bocar Maréga (exécuté à Kindia)
  • 5. Feue Souadou Ba, épouse de feu Mamadou Dia (diplomate à la FAO)
  • 6. Aissatou Ba (institutrice et chef d’établissement scolaire)
  • 7. Bocar Ba (commerçant)
  • 8. Aliou Ba (commerçant)
  • 9. Macka Ba (ingénieur informaticien)
  • 10. Madina Ba (expert-comptable)

Parcours scolaire et universitaire

  • Thierno Ba a fait ses études primaires un peu partout en Guinée, au gré des affectations de son père. C’est ainsi qu’il a vécu à Siguiri, Dinguiraye et Faranah.
  • En 1946-1947, il était dans la même classe que sa sœur aînée Maimouna Maréga, qu’il battait en Mathématiques. Il était intelligent, organisé et capable de gérer énormément d’activités à la fois. Mais, à Faranah, il eut un ulcère au pied et dû perdre une année, le temps des soins et de la convalescence. .
  • Après son CEPE, obtenu en 1948, il fut envoyé par son père à Saint Louis, poursuivre ses études à l’internat. Il fut placé dans une famille d’accueil, la famille de Bouna N’Diaye, très influente à l’époque. Bouna N’Diaye était en effet, l’ami de l’oncle de Thierno Ba, Thierno Ousmane Diop. Thierno Ba fit sa scolarité au lycée Faidherbe de Saint Louis. Il était de la même promotion de l’ancien président Abdou Diouf du Sénégal, de qui il était très proche.
  • Brillant, il fut admis au Lycée LACANAL à Sceaux, en France ; un lycée d’excellence encore de nos jours. Il eut son bac section Mathélem à l’âge de 18 ans ; ce qui était une prouesse à l’époque. Il était si éloquent que ses professeurs voulaient qu’il soit enseignant, comme son père, mais il préférait être médecin. C’était son rêve d’enfance.
  • Mamadou Ba, son aîné, avait tant d’influence sur lui qu’il le convînt de devenir vétérinaire ; ce qu’il accepta volontiers compte tenu de son amour pour les animaux, chose compréhensible pour un peul.
  • À l’époque pour être vétérinaire, il fallait faire une année préparatoire. La première fois qu’il a passé le concours d’entrée en école vétérinaire, il a été admissible dans la meilleure école, l’école vétérinaire de Maison Alfort. Mais il dû abandonner à l’oral pour de graves et persistantes migraines. L’année suivante il réussira à école vétérinaire de Lyon, quai de la Soane.

Vie familiale

Thierno Ba se maria le 21/08/1959 à Dinguiraye avec Mariama Ba Diélo, infirmière de profession. Au moment de leur mariage, Thierno Ba était en deuxième année de Véto et Mariama Bah en première à Conakry. Il est revenu de Lyon pour se marier et ramener sa femme avec lui.

Le mariage religieux a été fait à la mosquée, le civil à la mairie, et la réception a été organisée à la « Commandature ». Ce fut un très grand mariage avec toutes sortes de danses. À l’époque le mariage religieux était simple. Les vieux des deux familles allaient à la prière de 17 :00, et une fois la prière achevée, ils procédaient au mariage entre les deux enfants. Les pères étaient alors informés ; quant aux femmes, elles l’apprenaient souvent après coup.

Les mariages à la mairie étaient obligatoires parce qu’il fallait vérifier que les filles avaient plus de 18 ans et devaient donner leur accord.

Carrière en France

Après ses quatre années passées à École de vétérinaire de Lyon, Dr. Thierno Sabitou alla à Paris. Il fit une spécialisation en zootechnie (science de l’alimentation des animaux) à Censier d’Aubenton.

A Paris, il faisait ses stages techniques à Jouy en Josas, non loin de Versailles, et après ses stages, il accumulait les emplois en tant que vétérinaire assistant.

Il travaille alors avec un vétérinaire, Dr Alix, dans l’optique de s’associer à ce dernier, a la clinique vétérinaire de Beaumont Les Autels. C’était en 1961-1962.

Retour en Guinée

En 1963, Mamadou Ba, venant de Conakry, insista pour que Thierno Sabitou rentre en Guinée. Ce n’était pas un souhait, mais plutôt un ordre avec l’ultimatum de rentrer immédiatement. Dr Alix fera tout pour que Thierno ne rentre pas en Guinée, mais rien n’y fit. Alors que Thierno était pratiquement, mais non encore formellement, associé du cabinet vétérinaire il dû rentrer à Conakry.

Sa femme Maria Dielo avait des soins dentaires en cours qu’elle a dû annuler, ainsi qu’un diplôme en cours de préparation, auquel elle dû renoncer.

Carrière Guinée

Dès son retour en 1963, il sera nommé à l’OPEMA, Ministère de l’économie rurale, où il coiffera les services de la pêche. À ce poste il eut pas mal de problèmes avec les femmes qui vivaient de pêche car celles-ci ne voulaient pas respecter de normes ni les nouvelles directives inspirées de ce qui se faisait de mieux dans le secteur.

Des sanctions de licenciement furent proposées contre celles coupables de manquements à la législation, mais face aux caciques du PDG qui souhaitaient voir leurs protégées épargnées, il exigea qu’elles soient toutes licenciées ou à défaut, toutes conservées au sein de la structure. Cela ne plus guère en hauts lieux.

En 1963, Thierno Ba fut malade. Son fils Sellou était déjà né. Il fut envoyé 9 mois en soin en Tchécoslovaquie. À son retour, on l’envoya aux USA en mission.

Il fut nommé directeur général des abattoirs nationaux qui venaient d’être construits. Il y resta jusqu’à son arrestation à 33 ans. Là encore il eut maille à partir avec les caciques du PDG. En effet, certains dirigeants envoyaient de vaches à terme pour qu’elles abattues en guise de sacrifice. Lui, refusait systématiquement de s’exécuter car il disait qu’il était formé pour soigner, mais pas abattre les animaux. Il conservait les vaches à terme à l’insu des propriétaires, les rachetaient et les remplaçait par d’autres vaches. En rachetant ces vaches à terme, et les envoyant dans la ferme du KM 36, propriété familiale, il fut dénoncé aux autorités.

Par ailleurs, en plus de ces démêlés avec les caciques du PDG, à la tête de l’abattoir, il était souvent obligé de marchander et négocier pour tout avec ces derniers, et lui n’était pas formé à cela. Il était rigide dans l’application des principes et des textes de loi.

Thierno s’intéressait beaucoup à la recherche. Lorsqu’il était à l’abattoir, il avait fait venir des vaches russes à Beyla (il pensait que Beyla pouvait nourrir toute la Guinée), DITTIN et à FAMOÈLA en forêt dans le but de faire des inséminations artificielles ayant pour objectif d’accroître la productivité de la race bovine locale « Ndama ».

Circonstances de l’arrestation

En 1969, Dr. Thierno Ba partit en mission à Dakar. Il informa sa sœur, Maimouna Maréga qu’il ne reviendrait pas en Guinée.

À Dakar, Abdou Diouf lui donna une voiture avec cocarde et lui proposa de gérer l’école vétérinaire de Dakar. Mais étrangement, il décida de revenir. Peut-être avait-il des remords à vouloir abandonner son père entre les mains de ses sœurs, les principaux hommes de la famille n’etant pas presents. Notamment, son frère Mamadou Ba était à la Banque Mondiale, Dr. Thierno Ba s’est peut-être dit que si son père qui venait à mourir ne serait enterré que par ses sœurs ; ce qui ne se faisait pas dans la tradition.

C’est ainsi que, contre l’avis de ses amis et sœurs, il décida de revenir en Guinée. Il fut arrêté le 12 avril 1969 à 14 :00 en même temps que Bocar Maréga, son beau-frère. Sa disparition désorganisera considérablement la vie de la famille car il en était une pièce maîtresse.

Lors de son arrestation, les policiers ne laisseront rien ; son appartement à l’IFAN fût entièrement pillé. Il fût arrêté parce qu’il était le frère de Ba Mamadou, condamné à mort par contumace, et parce qu’il appartenait à un groupe d’amis, avec ses beaux-frères, dont le pouvoir souhaitait se débarrasser.

Thierno Bah sera revu par la famille que le 22 novembre 1970 lors de l’attaque du Camp Boiro par les portugais. Le camp fut ouvert, et les prisonniers libérés rentrèrent chez eux. Lorsque les Portugais repartirent avec leurs prisonniers, les anciens détenus seront rappelés par la radio nationale et un lieu de regroupement leur sera assigné. Thierno Ba fut convoqué à la permanence de Dixinn. On ne le reverra plus jamais.

En avril 1984, lors du coup d’état du CMRN et après l’ouverture de tous les camps d’emprisonnement, on saura qu’il avait été exécuté. Bien après, dans le livre de Alsény René Gomez « Camp Boiro Parler ou périr », on apprendra qu’il aurait été transféré à la prison de Kindia, dont il sera extrait dans la nuit du 03 janvier 1971 pour être fusillé avec ses compagnons d’infortune.

Survie et Dispersion familiale

Lors de son arrestation, son fils Sellou né le 04 septembre 1963 à Conakry et sa femme, Mariama Diélo, se trouvaient au Libéria. Sa fille aînée, Nima, née le 24 août 1960 à Lyon, était chez son homonyme, Hadja Nima Sow.

Du Libéria, Mariama Diélo et Sellou iront à Daloa en Côte d’Ivoire, chez la sœur de Mariama Fatoumata Diakité.

Quant à Nima, elle sera exfiltrée de Guinée en 1970 par un cousin de son grand-père par la route à travers le Mali jusqu’à Daloa en Côte d’Ivoire. Ils finiront tous par rejoindre leur oncle Mamadou Ba, basé à Abidjan.

Temoignage de la fille de Dr. Thierno Sabitou, Nima Ba

On a arrêté mon père, j’avais 9 ans. Aujourd’hui j’en ai 59, mon frère 56. Son manque se fait toujours sentir.

Des photos

Je n’ai pas de photos de mon père avec mon petit frère qui avait 5 ans au moment de l’arrestation. Ma mère était au Libéria avec lui. Les militaires ont pillé et saccagé notre appartement à « l’iphan »; et ma mère a tout perdu.

Mes souvenirs

J’allais à la ferme avec mon père. Un jour un serpent cracheur lui a craché dans les yeux. Il a réussi à nous conduire à la maison. Tout le monde était étonné qu’il ait pu le faire car il paraît que c’est très douloureux.

Avant son arrestation lors d’un voyage, il m’a rapporté une poupée miniature avec des accessoires.J’adorai ce jouet et lors de ma fuite, Kaou Abdul le cousin de mon grand-père me disait de les cacher dans le camion qui nous transportait et surtout de ne pas parler français car on pouvait se faire repérer et donc se faire dénoncer.

Je me souviens aussi des parties de cartes qu’il faisait avec ses beaux-frères et ses amis. Je me souviens de la fumée, du bruit qu’ils faisaient en parlant, en rigolant. Ces parties duraient des heures. Nous avions un chien berger allemand qui s’appelait Lork. C’était le chien de mon père, son fidèle compagnon. Après l’arrestation, il reniflait nos affaires et pleurait. Quand je me suis retrouvée seule, je suis allée habiter chez mon homonyme Hadja Sow Nima, qui habitait à Ratoma) avec Lork qui était mon compagnon de jeu et mon protecteur. A Ratoma, je me promenai avec Lork dans le quartier, un jour un petit garçon a voulu me taper et Lork m’a défendu, il a mordu le petit garçon.

Ce que mes tantes m’ont dit au fil des années

Mon père aimait sa famille et s’en occupait. C’était une personne entière, responsable qui pouvait avoir de grandes colères mais posait aussi des actes qui ont marqué les gens. Il a fait de brillantes études à l’école vétérinaire. À Lyon, il avait la possibilité de reprendre un cabinet vétérinaire. Mais son grand frère lui a demandé de rentrer pour participer à la construction du pays. Aujourd’hui encore à Dinguiraye des gens parlent avec affection, admiration de lui. Dans notre village à Hèllayabèh, il a de nombreux jeunes homonymes ; bien qu’il ait disparu depuis 50 ans.

 

 
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